
Titulaire d’une Licence UEFA Pro, Victor Zvunka a passé plus de 30 ans de sa carrière d’entraîneur en Europe notamment en France, en Suisse et au Portugal. Son aventure africaine commence en Algérie quand il débarque au CR Belouizdad en provenance de Nîmes Olympique en 2014. Depuis, il a entraîné en Tunisie (Club Africain et CS Shebab), en Guinée (Horoya AC) et au Bénin où il est depuis 2021 avec Coton FC de Ouidah. Dans cet entretien accordé à Afrique Football, l’homme de 71 ans évoque son parcours, son plus grand regret et sa définition du métier d’entraîneur de football.
Victor Zvunka est l’un des coachs de football dont le travail passe rarement inaperçu. Champion du Bénin avec Coton FC de Ouidah en 2022, le technicien français a toujours laissé une trace remarquable partout où il est passé. Pourtant, rien n’était gagné d’avance pour Victor Zvunka dans le football. « Comme on était une famille nombreuse, on avait des parents qui me disaient que le football, c’est bien, mais ce n’est pas sûr que tu puisses réussir. Alors, je me suis mis dans la comptabilité. Ça me plaisait, à l’école, tout ce qui était en rapport avec les calculs. Donc, je m’étais mis dans l’apprentissage, parce que pour le football ce n’était pas évident. Il fallait aller s’entraîner de temps en temps. Ce qui me permettait le soir d’aller à l’entraînement et de travailler dans la journée et d’apprendre mon métier d’expert-comptable » raconte l’ancien entraîneur de Guingamp.
Mais la passion de Victor Zvunka pour le football finit par prendre le dessus sur ses rêves d’expert-comptable. “Le football a été plus fort. Et une fois que j’ai mis le pied dans le football, je suis resté depuis. Tout ça a toujours été bien. Parce que ça m’a permis de bien gérer tout ce que j’ai pu gagner dans ma carrière et de bien vivre au quotidien » se réjouit le vainqueur de la Coupe de France 2009 avec Guingamp.
Conjuguer le football et la famille
“La place du football dans la famille, c’est aussi très difficile. Parce que ça demande beaucoup d’investissements. Je me rappelle des périodes où j’étais entraîneur au Matra (Racing Club de Paris) où parfois je partais deux jours et personne ne savait où j’étais, alors que j’étais parti voir un joueur. Je pouvais me lever à 2h du matin parce que j’avais un rendez-vous le matin très tôt pour aller voir un joueur. Il faut avoir une famille, des enfants mais surtout une femme qui nous permettent de faire tout ça. Il faut avoir une femme qui accepte tous ces petits détails et qui vous permet de bien travailler et être bien dans vos bottes. Ce n’est pas pour rien que je suis marié depuis près de 43 ans.”
Une passion née très tôt !
Victor Zvunka a commencé à entraîner en 1984 après sa carrière de footballeur professionnel. Cet amour fou pour le métier d’entraîneur de football, Victor Zvunka le doit à plusieurs coachs côtoyés depuis sa plus tendre enfance. « J’ai eu un entraîneur à Metz quand j’étais jeune qui nous faisait travailler sur des gestes techniques, des répétitions parfois pendant un quart d’heure ou une demi-heure. Ensuite, j’ai eu un autre entraîneur quand je suis passé pro, Michel Le Millénaire qui était à Laval. Il était assez fun pour faire passer ses messages et faire confiance aux joueurs. Ça aussi, c’était très intéressant. Pour le travail au quotidien, je me suis servi de Silvester Takac. C’était un ancien joueur professionnel qui a fait le centre de formation de Sochaux. Il a sorti énormément de joueurs. Je me suis servi de ce que j’ai pu voir chez lui, comment il fonctionnait, ses rapports avec les joueurs, le travail qu’il faisait… Je pense que ça a été dans la suite de ma carrière quelque chose que j’ai continué à suivre » a-t-il confié.
« Après 17 ans au haut niveau en tant que joueur professionnel et maintenant près de 40 ans d’entraîneur, je pense que je suis apte à donner des conseils, à corriger et à donner le maximum de conseils pour pouvoir faire passer des étapes et leur permettre un jour peut-être d’aller en professionnel en France ou dans un autre pays. C’est aussi l’objectif du club. C’est d’essayer de former des joueurs pour l’équipe nationale locale, et puis d’aller montrer leur capacité dans des pays qui sont plus intéressants pour un joueur de haut niveau » précise le meilleur coach du championnat béninois en 2022.
Un bon coach, c’est le message !
“Un bon coach, tout le monde dira que c’est le coach qui gagne (rires). Non ! Pour moi, il n’y a pas que ça. C’est sûr qu’on arrive à mieux apprécier un entraîneur quand il est sur la pente ascendante et qu’il gagne des matches. Mais je pense qu’un bon coach, c’est celui qui sait bien faire passer ses messages. Et après, quand on entend dans les tribunes, par les journalistes, à la télé, à la radio que ton équipe joue bien, qu’elle est performante, qu’elle essaie de jouer et de se faire plaisir, c’est que c’est le cas. Le message, pour le faire passer aux joueurs, applique-toi !”
En Afrique, jouer collectif pour gagner !
Depuis près d’une décennie, Victor Zvunka est sur le continent africain. Il connaît parfaitement le football maghrébin et celui de l’Afrique Subsaharienne. “L’Algérie et la Tunisie, ce sont des joueurs qui ont une certaine expérience et qui ont un peu du mal à accepter la critique, à se remettre en cause. Ils sont un peu plus imbus de leur personne. Mais quand tu arrives en Afrique de l’Ouest, je trouve que ce sont des joueurs qui sont à l’écoute, qui ont envie de progresser. Ils sont là pour bien travailler et bien réussir. Ils ont un objectif. Pour eux, c’est de faire un bon parcours avec leur club et après essayer de toucher la sélection nationale. Nous (Coton FC), on a eu six à sept internationaux dont Salim Bawa qui est en équipe A. C’était quelque chose de bien. Mais on est encore trop indisciplinés et un peu moins collectifs” compare-t-il. “Et pour moi, c’est le plus dur. Parce que si on veut réussir quelque chose en équipe, il faut être le plus collectif possible avec tout le monde pour progresser et réussir de belles choses ensemble” propose Victor Zvunka.
Footballeur africain, la rigueur pour progresser
“La rigueur ! Moi, je pense que si on veut réussir, il y a aussi beaucoup de choses qui comptent. Je dis qu’un joueur de football, s’il ne sait pas souffrir, s’il ne sait pas travailler dur, il ne peut pas réussir. Dans le football, la qualité technique, c’est bien, la vision du jeu, c’est bien. Mais si tu n’es pas prêt physiquement, tu ne pourras pas réussir tout ce que tu veux faire. Donc pour moi, tout va ensemble. Si tu es bien techniquement, tu seras un bon technicien et tu seras capable de faire des choses. Et si tu es un peu moins bon techniquement, tu vas pouvoir t’en sortir malgré tout. Parce que physiquement, tu seras un roc. Et là-dessus, je suis très exigeant avec mon préparateur physique. Surtout sur les petits détails. Parce que ce sont les petits détails qui font la différence”.
Entraîner de nouveau en France ?
“Je l’ai fait pendant des années. Y retourner, non. Je suis bien ici. J’espère y rester le plus longtemps possible. Mais le football est tellement bizarre que c’est très difficile de dire on va faire ci, on va faire ça”.
Le regret de Victor Zvunka
En 40 ans de carrière, le coach Victor Zvunka a entraîné plus d’une vingtaine de clubs professionnels entre l’Europe et l’Afrique. Il a remporté trois fois de suite le championnat guinéen et deux fois la Coupe nationale avec Horoya AC, le championnat béninois avec Coton FC, la Coupe de France avec l’En Avant Guingamp, deux fois le championnat de France de deuxième division avec le RC Paris et le LB Châteauroux. Cependant, l’entraîneur de 71 ans nourrit toujours un regret. « C’est peut-être le manque d’une sélection nationale. À un moment donné, on parlait de moi avec l’équipe nationale du Bénin, mais je ne pense pas que les gens ici aient été intéressés. Dommage pour moi » a-t-il avoué.
En club cette saison, Victor Zvunka veut conserver son titre de champion du Bénin avec Coton FC. Depuis le début de la saison, cela se passe plutôt bien avec seulement une défaite en vingt matchs. Réussira-t-il à réaliser le doublé ? Wait and see.
Source extérieure, Méga Sports
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