En regroupement avec les Guépards du Benin, Steve Mounié n’a pas manqué l’occasion de se prononcer sur un fait qui mine le football beninois. Dans une intervention remarquée à la télévision nationale, le capitaine des Guépards du Bénin a dénoncé un phénomène inquiétant. Il s’agit de la surmédiatisation et l’emballement prématuré autour de jeunes talents béninois, dont le potentiel reste à consolider. Un cri d’alarme pour préserver l’avenir du football béninois.
Lors de son intervention sur Benin TV, Steve Mounié a déclaré : « Il faut faire attention aux adjectifs qu’on emploie quand on décrit des joueurs, surtout des jeunes joueurs comme ça. Il ne faut pas leur mettre des idées dans la tête, des idées qui ne sont pas réelles. Il faut vraiment faire attention aux mots qu’on emploie et ça aussi, je dénonce aussi ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Il y a beaucoup de pages qui se créent et qui font la valorisation, je dirais, de la médiocrité. Parce qu’on parle souvent de joueurs qui évoluent, même pas dans les championnats, mais on dit « le joueur exceptionnel, le joueur qui a mis tant de buts, le joueur… » Il faut rappeler le niveau de chaque chose. Il faut rappeler le niveau de chaque chose. Et ces jeunes, il ne faut pas les pousser avant l’heure. Il y en a beaucoup trop et sur les réseaux sociaux, c’est devenu n’importe quoi. C’est vraiment devenu n’importe quoi. Donc ça, je le redis, c’est ce qu’on appelle la valorisation de la médiocrité. Valoriser les choses qui doivent être valorisées. Ces jeunes joueurs, j’espère qu’ils auront un grand avenir en équipe nationale, mais ne leur inventez pas des qualités, ne leur inventez pas des choses qui ne sont pas réelles. C’est très important parce qu’aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, ça devient n’importe quoi. Ça devient n’importe quoi parce qu’il n’y a tellement pas de joueurs, tellement pas de joueurs au Bénin, tellement pas de viviers qu’on essaye d’en trouver, qu’on essaye de créer des choses et tout. C’est quelque chose qui m’énerve profondément, en fait. Il y a d’autres joueurs qui devraient être valorisés, qui ne le sont pas et d’autres qui le sont alors qu’ils ne le devraient pas. Et ça, ça ne permet pas à la jeunesse en fait de progresser. Aujourd’hui, mettez la lumière sur des mecs qui jouent dans des vrais championnats, dans des grands championnats. Après, c’est bien aussi, les autres qui jouent dans d’autres championnats, mais ça permet aussi à un jeune de se dire « moi, je veux atteindre là-haut ». Parce que si vous valorisez le gars qui joue seulement, qui va aller en France et qui joue en 5e division et vous dites « il fait des superbes, Il fait des superbes matchs, il a mis 18 buts, mais il joue en 5e division ». Donc le jeune qui est au Bénin, il va dire « moi, je veux faire comme le jeune qui est en 5e division aussi ». Mais c’est aller où ça en fait ? C’est aller nulle part. Vous voyez un peu ? Et ça, c’est votre rôle aussi, à vous les médias. C’est très important. Parce que si on veut que le football béninois progresse, il faut non seulement nous qui sommes ici, nous les joueurs de l’équipe nationale, il faut qu’on mette la barre très haute et il faut que ces jeunes-là cherchent à aller là-haut et pas aller… demander à des pages Facebook de faire leur publicité, de dire que c’est des bulldozers, que c’est des mecs qui vont vite, alors que pas du tout quand on les voit sur le terrain, après il n’y a pas ça. Donc je ne dis pas que ces jeunes n’ont pas de qualité, j’ai vu des qualités, j’ai pas mal de jeunes là qui nous ont rejoints, mais je dis juste qu’il faut faire attention aux adjectifs qu’on emploie à chaque fois qu’on parle de ces jeunes. Parce qu’après, quand dans deux ans on ne les voit plus, ces jeunes, pendant ce temps que vous avez parlé… Qui sont passés, qui ne sont plus revenus, qui ont fait des matchs à beaucoup.
Chabel, je l’adore. Mais, un jour j’avais vu sur les réseaux sociaux qu’on me comparait Chabel Gomez avec moi alors que je jouais en première ligue, il était encore au Bénin. J’ai vu sur les réseaux sociaux qui est meilleur entre Chabel et Steve Mounié ? Je joue en première ligue, il joue au Bénin. Et vous pensez que c’est le même niveau. Vous voyez les réseaux sociaux, les réseaux sociaux pensent que c’est le même niveau. On ne parle pas de la même chose. Et ça, il faut faire très attention parce qu’on est rentré vraiment dans un truc qui est très dangereux pour le football béninois. Ce sont les choses à valoriser. C’est très important. Si on veut que le football béninois progresse, c’est très important ».
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