Le Bénin qualifié à la CAN 2025, « un parcours  riche en défis et enseignements » pour Gernot Rohr
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Le Bénin qualifié à la CAN 2025, « un parcours  riche en défis et enseignements » pour Gernot Rohr

Dans une interview exclusive accordée à BIP Radio, Gernot Rohr a livré un récit détaillé de la qualification de son équipe pour la CAN 2025. Entre décisions stratégiques audacieuses, défis logistiques et performances héroïques sur le terrain, le sélectionneur des Guépards du Bénin a fait beaucoup de révélations.

La qualification à la CAN 2025 est acquise. Comment avez-vous travaillé pour qualifier cette équipe ?

On a été voir beaucoup de joueurs, on a vu beaucoup de matchs, on a beaucoup communiqué avec les uns et les autres. On a essayé et réussi à convaincre les binationaux de nous rejoindre. On a été voir surtout les jeunes joueurs des U20 qui ont fait un très bon tournoi en Égypte avec un entraîneur, Mathias Deguenon, qui a fait du bon travail et avec qui j’ai collaboré. Nous avons pris des risques en lançant dès mon premier match contre le Rwanda en mars 2023. On a déjà lancé des jeunes pour la première fois, notamment Imourane Hassane. Et pour les matchs suivants, que ce soit contre le Sénégal, on a lancé trois, même avec Sankamao et avec Moumini. On a pris des risques, mais on a vu leurs matchs avant dans les clubs, dans un championnat béninois qui est de qualité. Même si nos équipes ne se qualifient pas beaucoup pour les coupes africaines, le niveau n’est peut-être pas encore suffisamment élevé. Mais on arrive à trouver des joueurs, c’est ce qu’on a fait et on leur a donné la chance. On a aussi expliqué à nos grands anciens que le moment était venu de raccrocher, que ce soit nos capitaines Sessegnon ou Adenon ou Adeoti ou d’autres, que certains réclament toujours dans notre effectif. C’est la trentaine et nous c’est le cap vers l’avenir maintenant.

Qu’avez-vous demandé comme moyens pour réaliser tout ça ?

Aucun moyen particulier, j’ai demandé simplement de nous laisser travailler et de nous faire confiance. Et puis les gens ont vu ce qui s’est passé, ils ont vu que nous avons tenté de suite de faire les changements nécessaires, d’avoir un état d’esprit qui est la base de tout ça, d’avoir une solidarité dans un groupe, d’avoir un staff que j’ai eu à mes côtés, que j’ai pu composer. J’ai pu emmener quelques membres de mon staff que j’avais au Nigeria, un staff médical local de très haut niveau et un staff administratif aussi qui tient la route. Ce n’est jamais facile en Afrique. Il faut bien organiser les choses et ça, c’est très, très important. On a aussi, avec Jimmy Adjovi-bocco, un conseiller du ministère qui connaît bien le football africain et européen, d’où viennent pas mal de nos joueurs, évidemment. Donc ça aussi, c’était important. Et avoir aussi les moyens de pouvoir se déplacer dans des bonnes conditions, notamment avec des avions directs. En Afrique, les déplacements sont compliqués parfois. On avait, par exemple, le tout premier match au Nigeria, ça s’est joué un samedi en septembre à Uyo. Et trois jours après, le mardi, on avait le match à Abidjan. Si on avait dû prendre des avions de ligne, on aurait mis 40 heures pour faire les déplacements. Là, on a pu prendre un avion privé et jouer contre la Libye le deuxième match, qui, elle, avait déjà joué trois jours avant nous et qui nous attendait déjà à Abidjan. Lorsque nous sommes revenus fatigués et abattus, on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas d’avion privé du match à Uyo. Oui, il y a aussi des calendriers parfois qui sont à revoir pour la CAF. Donc, on a eu la chance d’avoir des bons moyens de déplacement et aussi, à Abidjan, un lieu d’accueil agréable. Nous sommes une des rares équipes qui se sont qualifiées pour la CAN sans jouer un seul match dans son pays. Et malgré ce handicap, mes jeunes joueurs ont réussi cet exploit.

Eliminatoires CAN-Maroc 2025. Le Bénin est logé dans le groupe D. Vous voyez la composition après le tirage. Qu’est-ce que vous vous dites?

On s’est dit, encore, encore les mêmes avec le Rwanda et le Nigeria. Et on s’est dit que la Libye, c’est un petit peu l’inconnu, mais on sait que ce n’est pas facile. J’avais joué avec le Nigeria là-bas, mais c’était en Tunisie. Ils ne pouvaient pas recevoir à l’époque. On avait gagné 3-2, mais on avait vu en Tunisie qu’ils avaient déjà un public un peu fou. Voilà, donc on s’est dit, ça ne va pas être simple. Et quand on a vu le premier match perdu 0-3, ça a été encore plus compliqué avant le deuxième. Et quand on est mené à la mi-temps contre la Libye à Abidjan 0-1 et que le ministre est descendu dans le vestiaire sans parler, mais en étant très, très pessimiste, il a fallu rassembler les troupes et se dire, là, les gars, c’est le moment de réagir et puis de retourner la situation, ce qu’ils ont fait en gagnant 2-1. Et on va en venir à ce nul qualificatif à Tripoli. On l’a vu un peu laborieux.

Vous l’avez obtenu au mental en Libye ?

Ah, ce n’était pas laborieux. C’était bien construit ce match. Le plan de jeu était parfait. Quand vous allez quelque part, un nul vous suffit. Vous n’allez pas jouer le nul en restant derrière. Nous avons fait un nul offensif, un 0-0 conquérant. Nous avions la possession de balles, souvent. Nous avions notre présence dans le camp adverse. On les a juste subis en fin de match, puisque c’était leur seule chance, en marquant un but, Ça a été un peu chaud en fin de match, mais on a tiré sur la barre. On avait trois occasions en or. Peut-être qu’un ballon était même rentré, mais qui n’a pas été validé. Malgré les six cartons jaunes qu’on nous a distribués, malgré un arbitrage qui n’a pas toujours été simple pour nous. Pour lui aussi, je pense. Pour l’arbitre aussi, ça a été compliqué. Et les juges de touche, surtout qui ont reçu aussi des bouteilles d’eau sur la tête quand ils ont osé siffler un hors-jeu, par exemple. Ce sont des conditions de jeu inadmissibles parce que nous, on ne veut pas que d’autres équipes subissent ce sort après nous là-bas. Et déjà, ils auraient dû suspendre leur terrain après avoir vu les événements avec les Super Eagles. Je crois que la CAF a encore beaucoup de travail sur la planche. Vous pensez que l’arbitre a arbitré avec la peur au ventre. Il a été influencé par l’ambiance qui prévalait sur le terrain. Oui, évidemment, ça a été difficile pour l’arbitre. Et lorsqu’on a appris que c’était un arbitre de l’île Maurice, qui n’est pas forcément un grand pays du football, on s’est posé des questions. On a dit, est-ce qu’il sera à la hauteur pour un match comme ça ? Même les experts du football européen et africain se sont posés la question. Ils ont dit, pour ces matchs-là, il faut les meilleurs arbitres. Mais finalement, je dois dire chapeau aux arbitres, parce que dans ce contexte, ça aurait pu être pire. Et ils n’ont pas fait l’erreur fatale qui a fait que nous aurions pu crier à l’injustice.

Quelles étaient les consignes avant et à la mi-temps, coach ?

Les consignes avant, c’était de faire un match conquérant, de jouer haut, de les presser, d’être dynamique, d’être conquérant, d’être une équipe ambitieuse qui vient pour marquer un but. Le but, on l’a marqué, mais il n’a pas été validé. C’est ça qui est marrant. Mais nous avons voulu jouer un football haut et ne pas attendre l’adversaire dans notre surface.

Vous pensez que le Nigeria a fait exprès de perdre contre le Rwanda pour pénaliser le Bénin ?

Non, je ne dis pas ça. Ils ont fait tourner l’équipe. Ça peut arriver, mais pas quand c’est une compétition où on doit être fair-play dans l’esprit et ne pas faire un cadeau aux autres. Quand vous jouez sans Oshimhen, sans Lookman, sans Iwobi, sans le gardien titulaire et d’autres encore au milieu du terrain et que vous mettez une équipe bis, vous faites plaisir au deuxième rideau de vos joueurs et vous faites plaisir à ceux qui ne jouent pas beaucoup. Et ce n’est pas ça qu’on recherche. Quand on est venu avec le Nigeria, notamment à Porto-Novo, on n’a pas mis la deuxième équipe. Pourtant, on était qualifiés déjà. Donc ça, c’est plutôt le staff qui est coupable.

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