Quand le champion revient là où tout a un goût d’essentiel.
Par Romance Vinakpon – Rabat
Ce dimanche soir, un silence habité précédera le départ. Puis viendra le frisson : Wayde Van Niekerk entrera en piste. Neuf (09) ans après avoir pulvérisé le record du monde du 400 mètres en 43”03 à Rio, le Sud-Africain s’élancera sur le tartan du complexe Moulay Abdellah de Rabat.
Il n’est plus tout à fait le même. Celui qui avait bouleversé les hiérarchies depuis le couloir 8 n’a pas couru droit vers la légende sans accroc. En 2017, une rupture du genou lors d’un match de charité de Rugby l’a contraint à s’éloigner des pistes pendant près de trois ans. L’homme le plus rapide sur un tour de piste a dû réapprendre à marcher, puis à courir, lentement. Très lentement.
Très lentement…
Depuis, chaque retour est une tentative. Et chaque tentative, un combat contre lui-même. « Ces dernières années ont été extrêmement exigeantes et parfois frustrantes », confie-t-il en conférence de presse ce samedi 24 mai 2025, veille de la compétition. Car Wayde Van Niekerk n’est pas un coureur ordinaire. Il est celui qui a osé dominer trois distances : 100 m, 200 m, 400 m dans des chronos que personne n’a jamais réunis. Il est son propre étalon. Et cela, parfois, pèse lourd. Très lourd.
« J’ai placé la barre très haute pour moi-même », dit-il avec honnêteté. Alors même que son corps réclame de la patience, son esprit exige l’excellence. À Rabat, il ne vient pas seulement remettre un dossard. Il vient se confronter à ce qu’il a été. À ce qu’il pourrait encore être. Et surtout, à ce qu’il accepte désormais de devenir.
Il le dit sans détour : « Ma priorité aujourd’hui, c’est la santé. Je veux bâtir une base solide, tenir debout. » Dans cette nouvelle phase de sa carrière, l’athlète de 33 ans ne promet pas des records. Il promet une présence. Une rigueur. Une fidélité au sport qu’il aime et à une Afrique qu’il représente avec fierté. « Être ici, c’est une émotion. Je me souviens de ma première venue en 2014. Revenir aujourd’hui, représenter l’Afrique sur cette scène prestigieuse est une immense fierté. »
Wayde Van Niekerk ne court plus uniquement pour gagner. Il court pour tenir, pour durer, pour transmettre. Son couloir n’est plus celui de la domination. Il est celui de la profondeur. Et peut-être, justement, de la liberté retrouvée.
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