Depuis la rupture de contrat avec One All Sport, la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) est à la recherche d’un nouvel équipementier pour ses équipes nationales. L’instance a récemment lancé un appel d’offre pour faire bouger les intéressés. Cependant, des questions se posent et la manière de faire de la FECAFOOT suscite de vives critiques. Yannick Ndegue, consultant en Marketing sportif et CEO de Sport Business Active LTD, s’est récemment confié sur le sujet à travers un entretien. Découvrez ses impressions.
Du point de vue des délais de fabrication et de distribution, est-il réaliste pour un équipementier de concevoir, valider et produire un maillot de qualité en seulement 7 jours après la signature d’un contrat ?
Au delà des aspects liés au timing de production, qui sont des processus internes aux entreprises de production et plus ou moins maîtrisables, ce qui pose premièrement problème, ce sont les délais prescrits dans l’appel d’offre. Pour ce type d’association nous sommes dans un modèle de contrat avec des implications marketing, commerciales et législatives assez complexes. Si l’on se place du côté des équipementiers, ce sont des entreprises qui généralement ont besoin d’avoir une vue plus ou moins large du marché dans lequel on va opérer. C’est vrai que l’on parle de produire des équipements pour l’ensemble des sélections, mais il est également important d’analyser le marché pour voir dans quelle mesure investir dans la grande distribution ou le commerce de détail. On a besoin d’un ensemble d’informations qui nécessitent une étude de terrain sur une période relativement longue, avant de prendre une décision d’une telle importance.
Si l’on se met du côté de la Fécafoot, je pense qu’on a aussi besoin d’assez de temps pour juger de la pertinence d’un éventuel partenariat avec une marque x. Il faut s’assurer que les objectifs qu’on peut se fixer à travers le label Lion Indomptable soient en cohérence avec ceux que vise un équipementier qui va venir pour ce type de transaction. A partir de ce moment-là, il me semble un peu risqué et, voir fantaisiste de faire un appel d’offre qui soit limité à quelques jours. A titre de rappel, la Fédération Allemande de Football a lancé cette année un appel d’offre pour un contrat avec Adidas qui expire en 2026. L’équipe de France en a lancé un autre dont la date de fermeture des candidatures était fixée pour avril cette année, alors son contrat avec Nike expire en 2026. Ce type d’association demande un temps d’analyse assez important. La posture de la Fécafoot que je juge hasardeuse peut effectivement faire naître quelques suspicions.
Dans quelle mesure le timing restreint de cet appel d’offre pourrait-il affecter la transparence du processus et alimenter des suspicions de favoritisme au sein de l’opinion publique ?
Nous sommes dans un contrat de sponsoring qui prend la forme d’un co-brabding, c’est-à-dire l’association de deux marques compatibles a différents points vue. Les délais de ce processus sont questionnables. Dix jours c’est irréaliste, trois mois c’est insuffisant, un an c’est raisonnable, deux ans c’est l’idéal…
Ce délai ne nous permet pas de juger si le partenaire avec lequel on va signer a la capacité nécessaire pour satisfaire un certain type de cahier de charges. On ne pourra pas facilement apprécier s’il a la capacité de production et le réseau de distribution nécessaires pour pouvoir justifier ses prétentions en termes de protection ou distribution des équipements des Lions. De ce point de vue, il y a matière à se poser des questions.
À mon sens, il serait idéal de différer le processus pour prendre plus de temps et nous éviter une association éphémère comme ce fut le cas avec One All Sport. Il n’y a pas d’urgence à jouer un match le 7 octobre avec un nouvel équipementier. A partir du moment où ce ne sont pas des éléments qui impactent des résultats sportifs.
Quelles sont les conséquences potentielles, en termes d’image et de crédibilité, pour une fédération comme la Fécafoot, si des soupçons de choix prédéterminé d’un équipementier venaient à se confirmer ?
Nous sommes dans un processus limité. L’impact de la Fédération est fortement engagée. Si davantage il y avait des soupçons d’une mécanique qui se serait mise en branle plus tôt, et que l’annonce de l’appel d’offres ne serait qu’une façon de maquiller un processus biaisé en avance, cela pose des questions sérieuses sur la crédibilité de l’administration de la Fécafoot. Et fatalement, cela peut être préjudiciable pour l’image et de la fédération, et des sélections nationales du Cameroun.
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