(Le diagnostic de l’élimination monumentale du Benin lors des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations, CAN 2021)
On n’aperçoit même pas en une fraction de seconde le véritable mal qui ronge le football béninois. Il a fallu juste que l’un des plus grands rêves du Benin, celui de participer à une cinquième CAN en 2021 soit brisé pour voir le ciel tomber sur la tête des béninois. Tout le monde s’érigeait en analyste sportif de circonstance sans pour autant toucher du doigt le véritable mal du football béninois qui perdure depuis des lustres.
Bienvenue les tumultes, les ronchonnements, les plumes les plus commanditées retrouvent un job momentané, même certains fans du onze national sous l’effet de la monumentale déception retrouvent la plume et l’ancre. Il y en a, même certains, qui sont allés jusqu’à réclamer la tête du sélectionneur Michel Dussuyer décrié pour ses choix et ses remplacements tardifs, végétant donc dans du passionnel et dans l’euphorie. Le mal est ailleurs.
Le mal est profond et date de Mathusalem.
Il est d’ailleurs profond qu’on ne peut de sitôt le surmonter, le mal. De toute évidence, l’autopsie de l’élimination du Benin révèle le problème du football à la base. Bien dommage que ce soit une réalité ! Cependant, tout n’est pas mal. La voix du chroniqueur semble ne pas bien résonner dans les oreilles de tous, mais c’est l’évidence.
Au Benin, il se pose un véritable problème de football à la base. C’est le vrai mal dont souffre le football béninois. Évoquant cet aspect, certains me brandiront au visage les efforts du gouvernement du Président Patrice TALON faits dans ce sens. Oui, des efforts d’ailleurs salutaires mais qui n’affichent que d’ambitions en plus de quelques actions concrètes. Sous d’autres cieux, ce problème a été vite constaté et a été pris par les cornes comme s’il était un taureau.
Figurez-vous que le Benin, quart de finaliste de la CAN Égypte 2019, n’a véritablement une direction technique nationale. En effet, la fameuse direction technique nationale n’existe que de nom. Encore mieux, elle n’a aucun démembrement. Absent de la charpente du sport béninois depuis quelques années, la direction technique nationale semblait être ressuscitée de l’enfer. Dans sa lourde mission, elle n’a véritablement pas existé. Elle n’a pas même pas marqué son terrain. De surcroît, aucun travail n’est fait pour même espérer un football à la base de qualité. C’est pathétique !
Un rappel
À la suite de la nomination du directeur technique national intérimaire, Adolphe OGOUYON, le 16 mai 2020, le journaliste Evrard Fulgérale s’était confié au quotidien Notre Epoque. Globalement, il a reconnu le curriculum vitæ élogieux de l’homme mais lui a donné rendez au carrefour. Pour lui, Adolphe OGOUYON est un tacticien très expérimenté au palmarès très riche. Ce n’est pas qu’il n’y en a pas mieux. Sur le coup, au moins là, la FBF et Mathurin de-Chacus ont déjoué brillamment les pronostics. Le journaliste Evrard Fulgérale a regretté le fait que Adolphe OGOUYON soit nommé par intérim. Ceci après que le processus de sa nomination n’ait pas été clair sur toute la ligne. Aussi et surtout quand on évoque que ce dernier a été nommé pour que la FBF se mette en règle vis-à-vis de la FIFA.
Le Bénin, sorti par la grande porte lors de la CAN 2019 après avoir battu le géant Maroc, se veut désormais une grande nation de football. Encore qu’avec la dynamique du gouvernement du président Patrice Talon et son ministre des sports, Oswald HOMEKY, plus rien ne sera comme avant. Il faut que l’amateurisme à grande échelle cesse de gagner du terrain. En attendant, le vin est tiré et nous l’avions bu, le désormais DTN, Adolphe OGOUYON va gérer la DTN. Chacun de nous jugera ses compétences et capacités avec le temps. Le temps, oui ! Puisque c’est à l’œuvre qu’on connaît l’artisan.
Voici qui était bien dit. Malheureusement, un an après rien à se mettre sous la dent. Rien à bouger, en effet.
Le journaliste Mesmin Afanou renchérit
C’est dans le même sens que le journaliste Mesmin Afanou analyse la débâcle des Ecureuils du Bénin. Rejoignant le chroniqueur, il évoque également cet aspect moins vu, la formation à la base.
Le journaliste Mesmin Afanou : « Il s’agit plutôt de mettre en place, de bâtir une équipe compétitive. Cela prendra le temps qu’il faudra, mais cela nous sera bénéfique à un moment donné de l’histoire. Il urge donc de mettre l’accent sur la formation. Cela nécessite de grands moyens, un suivi rigoureux. Aussi faudrait-il que le championnat local soit régulier, bien organisé en vue de révéler de jeunes talents. Les talents ne manquent point chez nous, il suffit de mettre en branle une véritable organisation pour pouvoir les détecter, les faire former par de vrais techniciens du cuir rond…S’agissant de la formation, on peut s’appuyer sur l’expertise locale, et au besoin faire appel aux formateurs internationaux fortement expérimentés. »
Le Benin, quart de finaliste de la Can 2019
Revenant à la quatrième participation du Benin à la coupe d’Afrique des Nations où les Ecureuils ont terminé à la porte des demi-finales après avoir sorti le Maroc. Le conseiller technique du ministre des sports béninois, l’ancien capitaine des Écureuils du Bénin, Jimmy Adjovi-Bocco a su bien justifier la performance du Benin. Il ne s’est pas laissé emballé comme l’ont fait plusieurs personnes dans le milieu du football.
Jimmy Adjovi-Bocco : « Ce résultat était un arbre qui cachait la forêt. Il ne reflétait pas le niveau de notre football. »
Si Saturnin Allagbé, Mama Seibou, Tidjani Anaane, David Djigla, et autres sont parvenus à donner le sourire au peuple Béninois lors de la Can 2019, c’est parce que entre-temps, ces jeunes ont pris par les centres de formation, celui de Tanekas, 11 créateurs de Moussa Diallo et par le CIFAS. Le talent détecté en ces jeunes joueurs prometteurs a été travaillé. C’est dire donc que ces talents ont été purifiés et débarrassés de certaines imprécisions même s’il reste toujours à faire. Ce travail est l’œuvre des personnes de l’ombre souvent oubliées au moment où les dirigeants crèvent l’écran. Les centres de formation.
Oui ! Les centres de formation ont été principalement auteurs-compositeurs de ces chefs-d’œuvre dont nous jouissons aujourd’hui. Il faut d’abord donc commencer par reconnaître sincèrement le mérite de ces laboratoires producteur de stars. Il faut donc renforcer la formation des formateurs dans ces centres qui font déjà d’énormes efforts. Derrière, la fédération doit organiser, les championnats U15 et U17 afin de faire progresser les gamins de ces centres sur toute l’étendue du territoire national.
Là où le bât blesse encore plus…
On se plaint de n’avoir pas pu se qualifier à la CAN 2021 alors que les sélections juniors et cadettes sont sans boussole. La preuve que la priorité n’est pas le football à la base, ni la promotion des équipes nationales de catégorie et du championnat où on ne sait jamais ce que gagnera le champion à l’avance. Imaginez-vous que le Benin n’a pas pu jouer, de toute son histoire, une phase finale du championnat d’Afrique des Nations. Un peu plus loin, que la dernière participation des Ecureuils juniors à un challenge continental remonte à 2013. Figurez-vous également, que les Ecureuils U20 se sont faits éliminés à domicile au premier tour du dernier tournoi Ufoa B dont Porto-Novo était la ville carrefour. La sélection cadette, n’en parlons plus. C’est bien dommage, mais c’est une vérité amère.
Le Benin ne méritait pas forcément la CAN 2021.
Tout est donc clair que l’élimination du Benin ne relève pas forcément du pénalty fatal concédé, incluant une défaite puis une élimination directe du Bénin de la course pour la Can 2021. Les autorités du sport béninois notamment du ministre des sports Oswald HOMEKY et le président de la fédération béninoise de football doivent agir. Ouvrir les yeux, pas qu’ils étaient fermés.
Il s’agit ici de passer à l’acte. Mettre enfin en place toute la DTN, profiter au maximum de la bonne relation du Bénin avec la CAF/ la FIFA et l’AFD afin de former nos entraîneurs du championnat et des centres de formation. Organiser les championnats U15 et U17 et dans le concret s’occuper des équipes nationales de catégorie et des écureuils locaux. Une équipe compétitive du CHAN servira de réservoir aux écureuils. Mais tant les laisseront la fondation pour s’occuper des écureuils séniors, ils resteront comme l’arbre qui cache la forêt.
A un journaliste sportif sénégalais d’ajouter qu’il ne suffit pas de se qualifier à une phase finale de CAN mais de faire de telle sorte que le football béninois se cramponne au wagon de l’élite du football africain. Au chroniqueur de marteler…Ce n’est pas de la magie. Seul le football à la base à travers un bon travail de la direction technique nationale et des centres de formation est gage d’un meilleur avenir du football.
La rédaction
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