L’ancien capitaine des Éperviers du Togo, Emmanuel Adebayor, a récemment accordé un entretien exclusif à Afrik-Foot où il a exprimé sa déception concernant la gestion de l’équipe nationale togolaise. Actuellement consultant à l’Euro 2024, Adebayor a fait part de son chagrin face aux restrictions imposées par la fédération togolaise de football, l’empêchant d’interagir avec les joueurs et d’accéder aux vestiaires.
Par Yoro Mangara,
Dans cette Euro, il y a un Togolais, il s’appelle Bradley Barcola et joue pour l’équipe de France. Etes-vous déçu qu’il n’ait pas choisi de jouer pour les Eperviers du Togo ?
Je ne suis pas déçu, quand je vois le bordel noté dans notre pays, je ne peux pas être déçu qu’il choisisse de jouer pour la France. C’est un jeune frère, je suis content pour lui. Il faut aussi être réaliste, jouer pour la France va lui ouvrir d’autres portes, et lui donne plus de visibilité. Il est d’abord français, c’est son pays de naissance. Jouer pour la France lui donne plus d’opportunités, pour les contrats, les sponsors etc… Cela n’aurait pas été le cas s’il avait choisi une petite nation de football comme le Togo. Je crois qu’il a parlé à son entourage, il a parlé avec son père, avec sa mère, et je crois que c’est une très, très bonne décision.
J’aurais aimé le voir avec le maillot togolais, c’est vrai. C’est une petite déception, car je sais qu’il aurait pu beaucoup apporter à cette équipe togolaise. Mais pour sa carrière, c’est la meilleure décision. Si on demande à quelqu’un de choisir entre une équipe qui va jouer une Coupe du monde et une équipe qui ne peut même pas se qualifier à la Coupe d’Afrique des nations, le choix, il est vite fait…
Vous avez récemment fait une sortie sur les réseaux sociaux ou vous avez dit je cite : « vous nous faites chier » en parlant de la sélection. Pourquoi ?
Parce qu’il y a beaucoup de choses qui se passent au Togo avec la sélection. Ils ne veulent pas que je m’approche des joueurs, ils ne veulent pas que je puisse accéder aux vestiaires pour parler aux jeunes frères. Ce n’est pas normal qu’on me fasse ça. Je me suis battu pour mon pays, j’ai failli laisser ma vie pour ce pays. C’est comme ça qu’on me récompense ? Nous avons été frappés au Bénin, accident de bus, on nous a tiré dessus en Angola à Cabinda.
Vous empêchez quelqu’un qui a été capitaine de cette équipe pendant huit ans de donner des conseils aux plus jeunes, juste parce qu’il a arrêté sa carrière ? Je suis le seul footballeur togolais qui a pu côtoyer les plus grands entraîneurs du monde, qui a joué dans les plus grands stades du monde, et je n’ai pas le droit de partager mon expérience avec les plus jeunes… Heureusement que j’ai des amis sénégalais qui m’aiment bien, des amis béninois, ghanéens, ivoiriens, libériens, nigérians qui veulent toujours me voir. Je travaille avec la fédération marocaine de football alors que je ne peux même pas travailler avec la fédération de mon pays, c’est dommage mais comme ça.
Paulo Duarte a démissionné de son poste de sélectionneur du Togo, êtes-vous candidat à sa succession ?
Non, non, non ! J’ai toujours dit haut et fort que les histoires d’entraineurs ne m’intéressent pas. Je ne veux pas être entraineur, car je n’ai pas le cœur pour faire ce métier. Je connais mon tempérament, je suis capable de rentrer sur le terrain et de taper un joueur et ça ce n’est pas normal et je le sais bien. Je suis comme ça ! J’ai dit haut et fort dans mes lives, que le poste de sélectionneur ne m’intéresse pas.
Président de fédération alors ?
Je ne veux pas de poste au Togo où je serai rémunéré. Le poste où je peux accompagner les jeunes, conseiller, partager mon expérience, c’est ce que je veux et peux faire. Je vais prendre du plaisir et donner du plaisir en faisant ça. Je vais leur dire comment aborder le match, comment faire abstraction de la pression. Si je suis président de fédération, je ne pourrai pas faire ça.
Quand vous voyez des nations comme la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau avancer et le Togo reculer, ça vous fait quoi ?
Ça me fait mal, quand je vois tout ce que nous avons fait pour ce pays, tout ce que j’ai enduré. Je me suis pris la tête avec le Premier ministre, des généraux de l’armée, des colonels, juste pour que le football de mon pays aille de l’avant. Je ne dors pas la nuit à cause de ce que nous traversons. J’ai tout fait pour que le football togolais aille de l’avant. Actuellement, il recule à une vitesse grand V, mais comme je ne peux rien faire, je suis blacklisté, je reste chez moi avec ma famille.
Des centres de formations sont construire un peu partout en Afrique. Au Togo, ça traine un peu pourquoi ?
Un centre de formation, c’est juste un terrain ou des terrains avec gazon et des dortoirs. Ce n’est pas difficile d’en construire. Sauf qu’au Togo il faut au préalable avoir l’aval de l’Etat pour pouvoir se lancer. C’est l’Etat qui doit t’accorder le terrain. J’ai fait la demande, j’ai les moyens pour le faire, j’attends ! Le président m’a promis que ça se fera, donc j’attends. Je suis qui pour mettre la pression sur le président ? J’ai rencontré le président, il m’a donné sa parole. Il doit voir avec le ministre des Sports.
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