Quelques jours après la qualification du Bénin pour la CAN 2025, le sélectionneur Gernot Rohr a répondu aux questions de BIP Radio. Lors de cet échange, le technicien franco-allemand a abordé les objectifs fixés dans son contrat, les efforts de reconstruction de l’équipe, et ses ambitions pour les futures compétitions. Découvrez ses mots sur ses objectifs avec l’équipe nationale.
Est-ce que la qualification à la CAN était l’objectif numéro un sur votre contrat, coach ?
Non, l’objectif numéro un était de reconstruire une équipe, de rajeunir ceux qui la composent et aussi d’essayer de se qualifier pour la Coupe du Monde. On a été carrément ambitieux lorsqu’on a écrit nos ambitions et nos objectifs dans le contrat avec le ministère des Sports et avec la Fédération. Nous avions conclu que cette équipe que j’ai trouvée était arrivée dans une fin de cycle et qu’il fallait recommencer quelque chose de neuf, de dynamique. Donc ce n’était pas précisément la Coupe d’Afrique des Nations puisque j’étais arrivé en cours de route pendant la qualification de l’ancienne Coupe d’Afrique des Nations en Côte d’Ivoire que malheureusement les deux premiers matchs avaient déjà été perdus. Donc c’était une mission impossible pratiquement. Et pourtant on a failli la faire avec une finale qu’on a obtenue quand même pour la précédente Coupe d’Afrique des Nations en jouant au Mozambique. Mais l’objectif numéro un c’était la reconstruction d’une équipe, ce qui est une mission longue et parfois un peu difficile.
Comment on peut percevoir que vous avez reconstruit une équipe ? Comment on parle d’équipe reconstruite ?
À plus de 50%, ce n’est plus le même. La moyenne d’âge a été abaissée de 5 ans, ce qui est considérable. Et vous pouvez voir aussi, à travers les résultats et la qualification par cette canne, évidemment, que la reconstruction d’une équipe a été réussie.
Mission accomplie alors pour vous.
Elle n’est pas finie la mission. Maintenant, vous savez, il faut un peu de temps. On a eu un an pratiquement avec pas beaucoup de matchs, puisque la CAN précédente n’a pas été faite. Donc, il n’y a eu que quelques matchs. C’est plus long dans une équipe nationale d’arriver à transformer les choses que dans un club où vous les avez tous les jours, les joueurs. Pour moi, la mission sera finie lorsque l’on aura vraiment fait de bons éliminatoires pour la Coupe du Monde et surtout une bonne Coupe d’Afrique des Nations.
Quels sont les autres objectifs que ce soit le ministère ou bien la Fédération béninoise de football a assigné dans votre contrat ?
On n’a pas besoin de noter tout ça. Il s’agit simplement, je ne vais pas vous citer ce qu’il y a dans mon contrat, d’avoir une bonne image du football béninois. Que les joueurs qui composent cette équipe mouillent le maillot. Comme j’ai toujours fait dans toutes les situations où je me suis retrouvé, en Afrique ou en Europe ou ailleurs, que nous avons une équipe qui fait plaisir à regarder, fair-play, solidaire. Ce sont des garçons qui doivent avoir un comportement impeccable. Donc tout ça, vous ne pouvez pas l’écrire dans un contrat. Mais comme j’ai une carrière depuis, on va dire déjà 5 décennies, dans le monde professionnel du football, une quinzaine d’années comme joueur professionnel, et puis après plus de 35 ans comme entraîneur, je pense que les responsables qui m’ont fait venir ont vu que j’incarne ces qualités-là. Et à partir de là, vous faites un contrat pour régler les choses les plus importantes. Après, vous faites confiance à la personne. C’est la personne qui vient faire le travail.
Et est-ce qu’il y avait une obligation de résultat ?
Il y a toujours une obligation de résultat. Il est certain que si on ne s’était pas qualifié, moi-même, j’aurais pu tirer les conséquences et partir. Parce que pour moi, même si ce n’était pas marqué dans mon contrat, c’était cette fois-ci une obligation d’aller à cette Coupe d’Afrique des Nations. Ici, il y a des gens qui sont les partenaires pour aller vers un projet en un certain honneur et une certaine philosophie. Vous n’avez pas besoin de tout noter dans un contrat où vous faites confiance. J’ai trouvé à travers le ministère des Sports et aussi la fédération avec le président à sa tête, des gens très motivés, très raisonnables, qui savaient qu’on partait de loin, que la moyenne d’âge était de plus de 30 ans, qu’il y avait des joueurs de près de 40 ans qui composaient cette équipe et qu’il fallait trouver des gens qui la composent sans avoir forcément des joueurs qui jouent dans des grands clubs européens. Donc ça, c’était au départ le contexte, d’où le temps qu’il fallait quand même un petit peu patienter pour arriver à quelque chose qui tient la route.
Vous voulez dire que si vous n’aviez pas validé le ticket pour la CAN-Maroc 2025, vous aurez démissionné ?
J’aurais proposé ma démission. Est-ce qu’ils auraient accepté ou pas, je n’en sais rien, parce qu’on a tout essayé pour y arriver. Parfois, ça tient à un petit coup de sifflet d’un arbitre qui n’est pas toujours impartial. Ça tient à un but qui est rentré, mais qui n’a pas été validé. Ça peut tenir à plein de choses, vous voyez. Donc, il faut voir aussi comment les choses se sont produites. Mais en tout cas, j’aurais proposé une séparation si jamais on avait pensé que c’était moi le fautif.
Vous disiez que ce serait mission accomplie pour vous si vous faites une bonne partie pour les éliminatoires de la Coupe du Monde. Ce serait quoi pour vous de bons éliminatoires ?
Ça, c’est une ambition personnelle. On sait très bien qu’on ne peut pas demander à un entraîneur, des guépards, d’aller à la Coupe du Monde et mettre ça dans un contrat. Mais c’est moi-même qui me suis fixé cet objectif. Un des plus beaux moments de ma carrière d’entraîneur, c’était la Coupe du Monde en 2018 que j’avais faite avec le Nigeria. Mais moi-même, j’ai envie de refaire une Coupe du Monde. Voilà, donc laissez-nous avoir des objectifs ambitieux. On sait que ça va être très difficile avec l’Afrique du Sud et encore avec le Nigeria. Et encore avec nos amis du Rwanda, qui ont une bonne équipe aussi. Et les autres qui seront là, le Zimbabwe, vers lequel on va se déplacer, ou alors ça se jouera en Ouganda ou en Afrique du Sud, s’ils n’ont pas leur stade à Harare. Eux aussi se sont qualifiés avec une très bonne équipe pour la CAN. Ça ne sera pas simple non plus. Et les autos non plus. Vous voyez, c’est des matchs compliqués. Il y a des groupes de six. Il faut finir premier ou deuxième pour avoir une chance de se qualifier.
Et vous pensez que vous avez l’équipe pour faire le job ?
Pas encore. On doit améliorer encore notre équipe. Actuellement, on n’est pas meilleur que l’Afrique du Sud. On pouvait rivaliser avec le Nigeria, c’est vrai. Sur les trois matchs qu’on a faits, deux fois, on aurait pu, même la deuxième fois, gagner à Abidjan. On était la meilleure équipe à Abidjan. Mais là, il reste encore des matchs, notamment à Uyo, encore. Les prochaines missions, ce sont les deux prochains matchs au Zimbabwe contre l’Afrique du Sud. On aurait bien aimé jouer chez nous à Cotonou, mais je crois que ça sera compliqué. C’est ça qui va nous prononcer sur la suite des événements, s’il y a encore une chance réaliste ou pas.
Méga Sports vous propose des contenus originaux. Fiabilité des informations, Informations en temps réel et dans toutes ses dimensions. Adoptez-le et consommez-le sans modération.